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CE QUI NOUS REND PLUS FORTS
24 octobre 2012

HOMELAND

"Le monde a besoin de la destruction totale de cette civilisation fondée sur la haine des êtres humains, il a besoin de nouvelles règles de vie et de relations sociales d'une égalité réelle entre tous, une véritable égalité et non pas de ce mensonge qu'avaient inscrit les Français sur leur drapeau pendant leur révolution." Edouard LIMONOV

Je n'ai pas écrit depuis l'autre jour. Je me suis posé des tas de questions. Est-ce que ça sert à quelque chose? Est-ce que ça me fait avancer? Est-ce que j'aurai la discipline nécessaire? Des tas de questions complètement idiotes. Il se trouve également que j'avais d'autres choses à faire - et que je n'ai pas faites. J'avais des synopsis à écrire, pour un vague projet de films érotiques. Mais si vous saviez le nombre de trucs que j'ai écrits parce que soit-disant cela allait déboucher sur quelque chose... Je remplirai un camion benne avec toutes ces commandes avortées. C'est bien connu, les gens qui écrivent se nourrissent de l'air ambiant - là où je vis il est de grande qualité. Ça ne provoque aucun état d'âme chez les gens qui vous demandent d'écrire quelque chose sans vous proposer d'argent. Aucun scrupule chez eux. C'est vrai que je ne manque pas d'idée et l'inspiration me fait rarement défaut. Il y eut quelques périodes nénamoins où je me suis retrouvé en panne. La dernière remonte à avril dernier. J'étais allé voir un micro-kiné pour soigner ça. Et, je ne vous mens pas, trois jours plus tard je parvenais enfin à me mettre à l'écriture d'un scénario de long-métrage. Jusque là, impossible de m'y atteler. Je trouvais toujours une excuse. Je surfais sur internet. J'ouvrais de vieux fichiers. Je rêvassais. Je déprimais. Le scénario en question, aujourd'hui il est écrit. J'ai reçu pas plus tard qu'hier la lettre du CNC officialisant le rejet de mon scénario en première lecture à l'avance sur recettes avant réalisation (second collège). Je m'y étais pointé il y a quinze jours pour récupérer les exemplaires du texte. J'avais demandé à connaître les commentaires notifiant le rejet du texte. Le fonctionnaire en face de moi prétexta une somme trop importante de travail - sans doute des dossiers à classer, des trombones à compter - et me suggéra de rappeler la semaine prochaine. Je n'en fis rien. Qu'ils aillent se faire enculer. Virginie Despentes faisait partie de la commission et j'avais demandé à une amie de lui parler de mon scénario en une tentative stupide de faire jouer le piston. Ça n'a pas fonctionné. Virginie Despentes sait à peine écrire des bouquins, c'est une piètre réalisatrice, qui est-elle pour juger de mon travail? Ce scénario représente des années de travail, même si sa rédaction définitive ne m'aura pris que quinze jours. Je n'ai pas eu droit au moindre égard. Juste ce courrier-type reçu hier.

Je n'avais pas que ces trucs érotiques à écrire. Un producteur parisien (que j'avais contacté au moment où je finissais "Villa Captive", qui avait vu le film et auquel, par la suite, j'avais fait parvenir mon scénario), m'a demandé de lui envoyer des sujets de films de genre. J'en avais en boutique, écrits il y a un an déjà à la demande du distributeur allemand de "Villa Captive". Je les avais même fait traduire. L'Allemand n'a jamais donné suite. Je suppose qu'il se passera la même chose avec le Parisien. J'ai perdu toute confiance dans les gens de ce métier. Ils vous traitent comme des chiens. Mais je les ai écrits, ces synopsis. Quatre. Pour des films de genre. J'ai recyclé des vieux trucs, trouvé de nouvelles idées, abordé de nouveaux thème. J'ai tout envoyé en début de semaine. Je pense que jamais je n'aurai de réponse. Le mec m'avait reçu dans son bureau à deux pas des Champs-Elysées, souriant, aimable, mais je sais qu'il en a rien à foutre de moi.

Les trucs érotiques, c'est H. qui me les a demandé. H. me fait vivre tant bien que mal depuis une dizaine d'années en me commandant des films porno pour Canal +. Je lui dois beaucoup même si son soutien n'est pas toujours à la hauteur de mes attentes et engendre chez moi colère et frustration. Il essaie de lancer la fabrication de programmes érotiques pour le groupe Canal + qui vient d'acquérir deux chaines supplémentaires sur la TNT. L'érotique, c'est un retour aux origines pour moi. Et ça m'intéresse. Curieusement, c'est l'érotique qui m'avait donné envie de faire du porno. Et aujourd'hui le porno me donne envie de revenir à l'érotique. J'ai d'abord trouvé mes quatre thèmes et puis j'en ai développé deux. Ensuite P. est partie à Paris, c'était jeudi, pour voir des amis et apporter des affaires à mon fils ainé qui est maintenant installé à Bruxelles. Il a intégré une école d'Art là-bas, et avait besoin de récupérer des DVD et des livres qui lui manquaient. Il est exalté par ce qu'il va apprendre cette année. Il va enfin regarder des films de Godard - mieux vaut tard que jamais. Son prof leur a parlé de "Bande à part" et J. est tombé amoureux d'Anna Karina. Je lui ai dit que le meilleur film de Godard c'était à mes yeux "Une femme est une femme". Je le lui ai mis dans sa valise, avec "le Mépris". C'est dans ce film qu'Anna Karina est la plus belle. Scope. Technicolor. Coutard. Anna Karina joue une strip-teaseuse marrante et sensible qui veut avoir un enfant, mais ne sait pas avec qui, entre Brialy le mufle et Belmondo le rigolo. Ils lisent l'Humanité dans un appartement vers la rue Mouffetard, je crois bien. Mais je m'égare. 

J'étais seul à la maison, et plutôt que de travailler, je me suis perdu dans "Homeland". J'avais entendu parler de cette série multi-récompensée et je voulais y jeter un oeil. Je l'ai trouvé en téléchargement - oui, désolé, je télécharge illégalement désormais, parce que d'une part je n'ai plus Canal + (bon débarras) et parce que j'estime que j'ai le droit, vu ma situation, mon respect pour les oeuvres en général et le fait qu'il s'agisse de mon métier, et que ce métier m'aura traité comme une merde toute ma vie. J'ai maté en deux jours l'intégralité de la saison une et les trois premiers épisodes de la deux. J'adore regarder les séries d'une traite. Et "Homeland" est une excellente série. Avant toute autre considération, ce qui m'a totalement bluffé, c'est l'interprétation de Claire Danes. Cette actrice fait un travail impressionnant. J'ai rarement vu une telle intensité dans le jeu d'une actrice. Si l'on compare avec les trois expressions de Kiefer Sutherland dans "24H", ou avec la médiocrité du jeu de l'actrice principale dans "Engrenages" (pour comparer avec une série française), ce que fait Claire danes dans "Homeland" relève du génie, à tout le moins témoigne d'un engagement et d'une intelligence hors-pair. Dans le même registre, la jeune actrice qui joue la fille adolescente de Brody est saisissante de naturel, avec une palette de jeu étonnante. Les acteurs américains en général habitent leurs personnages, ou sont habités par eux. En France, on les endosse comme une couverture mal taillée. Avant de me plonger dans "Homeland", j'avais tenté de mater en replay la série "Ainsi soient-ils" sur Arte. Consternant. J'ai lâché au bout d'un quart d'heure. L'exposition des personnages étaient tellement lourde, ça m'a découragé. De plus, c'est mal joué, mal écrit et peu finement réalisé. La France semble incapable de produire de la bonne série - et celle-ci, pour ce que j'ai pu en lire, ferait figure de haut du panier. 

Ce qui est intéressant avec "Homeland" c'est qu'elle aborde de façon assez subtile des problèmes complexes de politique intérieure américaine et internationale, abordant frontalement des questions géo-politiques. Il est étonnant de voir avec quel brio - et aussi beaucoup de cynisme - l'Amérique est capable de créer de la fiction à partir de son propre Réel. C'est une vaste entreprise de recyclage avec pour seul credo d'envahir le monde. La culture américaine est une arme d'endormissement massive. On se régale devant "Homeland", mais on n'ira pas jusqu'à en tirer les conclusions qui s'imposent: les Etats-Unis ont une politique de domination à l'égard du monde à laquelle il serait temps de mettre un terme. Dans la saison deux, les producteurs de la série semblent vouloir traiter des liens entre Israël et les Etats-Unis. C'est à cause de ces liens indécents que la solution au problème palestinien n'a jamais pu voir le jour. D'origine juive, je me suis toujours considéré comme pro-palestinien. Je trouve scandaleux la façon qu'ont les hommes politiques de caresser dans le sens du poil les organisations représentatives juives qui sont toutes pro-sionistes. Israël fonctionne encore comme si ce pays était un ghetto. J'entends par là replié sur lui-même, entouré d'ennemis. Alors qu'il faut quand même rappeler que depuis des décennies Israël bafoue le droit international, agresse ses voisins, maintient dans des ghettos la population palestinienne tout en colonisant des territoires qui ne lui appartiennent pas, que c'est également le seul pays de la région à disposer de l'arme atomique, et qu'il entend empêcher l'Iran de la posséder - comme il a réussi, en poussant les Etats-Unis à renverser Saddam Hussein et à envahir son pays, à empêcher l'Irak de la fabriquer. De quel droit? De quel droit ce minuscule pays peut-il imposer la terreur et semer le chaos dans cette région du monde - et par extension menacer la paix mondiale? Le Mossad n'est certainement pas étranger aux attentats du 11 septembre. Les terroristes jihadistes ont pu être manipulés. Car il n'y a qu'Israël qui aura tiré profit de ces attentats avec l'invasion de l'Irak, de l'Afghanistan, les menaces sur l'Iran, la chute du régime lybien, et la guerre civile qui fait rage actuellement en Syrie et dont les protagonistes rebelles sont armés par l'Amérique via l'Arabie saoudite - et probablement entrainés par la CIA. Le lobby pro-sioniste est extrêmement puissant aux Etats-Unis - et également en Europe occidentale. Il trouve ses relais dans les arcanes du pouvoir. Dans la Finance également. Un Juif est avant tout juif, selon les dires de Ben Gourion. Un Juif américain est juif avant d'être américain. Alors qu'un Américain catholique d'origine irlandaise sera avant tout un Américain. L'Europe (et la France par la force des choses) s'aligne sur la position américaine, et c'est inadmissible. Qu'un si petit pays puisse causer autant de dégâts dépasse l'entendement. Sans avoir à rendre des comptes ni même un seul instant à reconnaitre sa responsabilité. Rappelons qu'Israël fut à une époque le seul état au monde à conserver des relations normales avec le régime d'apartheid sud-africain. C'est symptomatique. Israël mène une politique raciste et colonisatrice avec le soutien des Etats-Unis. Un jour sans doute ouvrirons-nous les yeux. Ce sera difficile après tant d'années de bourrage de crâne : la Shoah empêche d'avoir un discours critique vis-à-vis de la politique israëlienne et de la façon dont l'Etat Hebreu appréhende la question palestinienne en réduisant les populations qu'elle opprime à des "terroristes", alors que c'est Tsahal aujourd'hui qui terrorise, humilie et tue les Palestiniens. Israël se considère comme cerné de toutes parts, alors que ce sont eux les agresseurs. Leur politique s'adosse à la posture de victime et justifie du même coup leurs exactions comme autant de mesures préventives ou de représailles. Toute critique à leur encontre est taxée d'antisémitisme, de même que l'Holocauste  justifierait toutes les exactions commises par l'Etat Hebreu. Cessons cela! L'Europe n'a pas à se laisser gouverner par l'axe USA/Israël. Mais l'Europe ne signifie plus rien aujourd'hui. L'Europe n'est rien et devra disparaître.

Je me disais hier qu'il suffirait d'assassiner une centaine de personnes-clefs dans le monde pour créer un électrochoc massif et changer les choses. Il suffirait pour cela d'une centaine de gars bien préparés, déterminés et d'un plan approprié. Cela pourrait aussi se faire en une fois, lors de la prochaine réunion du groupe Bilderberg. Les forces opaques qui dirigent le monde en coulisses dressent les populations les unes contre les autres, à l'échelle des continents, comme à l'intérieur même des pays. L'erreur serait de penser, ce que l'on nous oblige à faire, que les fractures sont d'ordre religieuse ou culturel. Le communautarisme aide à faire oublier les véritables enjeux du conflit - ainsi que le visage des oppresseurs. Or il ne s'agit ni plus ni moins que d'une guerre de domination des riches (le petit pourcentage qui profite du système) contre les pauvres (en gros le reste du pmonde, qui tend à englober de plus en plus les classes moyennes), avec le soutien passif des bourgeois, des tièdes, des salariés qui, afin de préserver leur bien-être de plus en plus précaire, et leur famille, refusent de remettre en cause l'ordre établi. Ce sont les soutiens aveugles et dociles du pouvoir. Pouvoir, qui, ne nous leurrons pas, manipule déjà nos démocraties à travers les médias et des élections dont les résultats n'ont pour but que de maintenir le système en place.

Je conclurai ce texte en citant une phrase (une des rares) extraite du chef d'oeuvre de Bela Tarr, "le cheval de Turin": "ils souillent, ils s'accaparent, ils détruisent." J'ignore à qui précisément l'homme qui prononce ces paroles faisait allusion, mais cette sentence, tout comme le film dans son ensemble par sa magnificence, me hante en permanence.

 

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