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CE QUI NOUS REND PLUS FORTS

24 octobre 2012

HOMELAND

"Le monde a besoin de la destruction totale de cette civilisation fondée sur la haine des êtres humains, il a besoin de nouvelles règles de vie et de relations sociales d'une égalité réelle entre tous, une véritable égalité et non pas de ce mensonge qu'avaient inscrit les Français sur leur drapeau pendant leur révolution." Edouard LIMONOV

Je n'ai pas écrit depuis l'autre jour. Je me suis posé des tas de questions. Est-ce que ça sert à quelque chose? Est-ce que ça me fait avancer? Est-ce que j'aurai la discipline nécessaire? Des tas de questions complètement idiotes. Il se trouve également que j'avais d'autres choses à faire - et que je n'ai pas faites. J'avais des synopsis à écrire, pour un vague projet de films érotiques. Mais si vous saviez le nombre de trucs que j'ai écrits parce que soit-disant cela allait déboucher sur quelque chose... Je remplirai un camion benne avec toutes ces commandes avortées. C'est bien connu, les gens qui écrivent se nourrissent de l'air ambiant - là où je vis il est de grande qualité. Ça ne provoque aucun état d'âme chez les gens qui vous demandent d'écrire quelque chose sans vous proposer d'argent. Aucun scrupule chez eux. C'est vrai que je ne manque pas d'idée et l'inspiration me fait rarement défaut. Il y eut quelques périodes nénamoins où je me suis retrouvé en panne. La dernière remonte à avril dernier. J'étais allé voir un micro-kiné pour soigner ça. Et, je ne vous mens pas, trois jours plus tard je parvenais enfin à me mettre à l'écriture d'un scénario de long-métrage. Jusque là, impossible de m'y atteler. Je trouvais toujours une excuse. Je surfais sur internet. J'ouvrais de vieux fichiers. Je rêvassais. Je déprimais. Le scénario en question, aujourd'hui il est écrit. J'ai reçu pas plus tard qu'hier la lettre du CNC officialisant le rejet de mon scénario en première lecture à l'avance sur recettes avant réalisation (second collège). Je m'y étais pointé il y a quinze jours pour récupérer les exemplaires du texte. J'avais demandé à connaître les commentaires notifiant le rejet du texte. Le fonctionnaire en face de moi prétexta une somme trop importante de travail - sans doute des dossiers à classer, des trombones à compter - et me suggéra de rappeler la semaine prochaine. Je n'en fis rien. Qu'ils aillent se faire enculer. Virginie Despentes faisait partie de la commission et j'avais demandé à une amie de lui parler de mon scénario en une tentative stupide de faire jouer le piston. Ça n'a pas fonctionné. Virginie Despentes sait à peine écrire des bouquins, c'est une piètre réalisatrice, qui est-elle pour juger de mon travail? Ce scénario représente des années de travail, même si sa rédaction définitive ne m'aura pris que quinze jours. Je n'ai pas eu droit au moindre égard. Juste ce courrier-type reçu hier.

Je n'avais pas que ces trucs érotiques à écrire. Un producteur parisien (que j'avais contacté au moment où je finissais "Villa Captive", qui avait vu le film et auquel, par la suite, j'avais fait parvenir mon scénario), m'a demandé de lui envoyer des sujets de films de genre. J'en avais en boutique, écrits il y a un an déjà à la demande du distributeur allemand de "Villa Captive". Je les avais même fait traduire. L'Allemand n'a jamais donné suite. Je suppose qu'il se passera la même chose avec le Parisien. J'ai perdu toute confiance dans les gens de ce métier. Ils vous traitent comme des chiens. Mais je les ai écrits, ces synopsis. Quatre. Pour des films de genre. J'ai recyclé des vieux trucs, trouvé de nouvelles idées, abordé de nouveaux thème. J'ai tout envoyé en début de semaine. Je pense que jamais je n'aurai de réponse. Le mec m'avait reçu dans son bureau à deux pas des Champs-Elysées, souriant, aimable, mais je sais qu'il en a rien à foutre de moi.

Les trucs érotiques, c'est H. qui me les a demandé. H. me fait vivre tant bien que mal depuis une dizaine d'années en me commandant des films porno pour Canal +. Je lui dois beaucoup même si son soutien n'est pas toujours à la hauteur de mes attentes et engendre chez moi colère et frustration. Il essaie de lancer la fabrication de programmes érotiques pour le groupe Canal + qui vient d'acquérir deux chaines supplémentaires sur la TNT. L'érotique, c'est un retour aux origines pour moi. Et ça m'intéresse. Curieusement, c'est l'érotique qui m'avait donné envie de faire du porno. Et aujourd'hui le porno me donne envie de revenir à l'érotique. J'ai d'abord trouvé mes quatre thèmes et puis j'en ai développé deux. Ensuite P. est partie à Paris, c'était jeudi, pour voir des amis et apporter des affaires à mon fils ainé qui est maintenant installé à Bruxelles. Il a intégré une école d'Art là-bas, et avait besoin de récupérer des DVD et des livres qui lui manquaient. Il est exalté par ce qu'il va apprendre cette année. Il va enfin regarder des films de Godard - mieux vaut tard que jamais. Son prof leur a parlé de "Bande à part" et J. est tombé amoureux d'Anna Karina. Je lui ai dit que le meilleur film de Godard c'était à mes yeux "Une femme est une femme". Je le lui ai mis dans sa valise, avec "le Mépris". C'est dans ce film qu'Anna Karina est la plus belle. Scope. Technicolor. Coutard. Anna Karina joue une strip-teaseuse marrante et sensible qui veut avoir un enfant, mais ne sait pas avec qui, entre Brialy le mufle et Belmondo le rigolo. Ils lisent l'Humanité dans un appartement vers la rue Mouffetard, je crois bien. Mais je m'égare. 

J'étais seul à la maison, et plutôt que de travailler, je me suis perdu dans "Homeland". J'avais entendu parler de cette série multi-récompensée et je voulais y jeter un oeil. Je l'ai trouvé en téléchargement - oui, désolé, je télécharge illégalement désormais, parce que d'une part je n'ai plus Canal + (bon débarras) et parce que j'estime que j'ai le droit, vu ma situation, mon respect pour les oeuvres en général et le fait qu'il s'agisse de mon métier, et que ce métier m'aura traité comme une merde toute ma vie. J'ai maté en deux jours l'intégralité de la saison une et les trois premiers épisodes de la deux. J'adore regarder les séries d'une traite. Et "Homeland" est une excellente série. Avant toute autre considération, ce qui m'a totalement bluffé, c'est l'interprétation de Claire Danes. Cette actrice fait un travail impressionnant. J'ai rarement vu une telle intensité dans le jeu d'une actrice. Si l'on compare avec les trois expressions de Kiefer Sutherland dans "24H", ou avec la médiocrité du jeu de l'actrice principale dans "Engrenages" (pour comparer avec une série française), ce que fait Claire danes dans "Homeland" relève du génie, à tout le moins témoigne d'un engagement et d'une intelligence hors-pair. Dans le même registre, la jeune actrice qui joue la fille adolescente de Brody est saisissante de naturel, avec une palette de jeu étonnante. Les acteurs américains en général habitent leurs personnages, ou sont habités par eux. En France, on les endosse comme une couverture mal taillée. Avant de me plonger dans "Homeland", j'avais tenté de mater en replay la série "Ainsi soient-ils" sur Arte. Consternant. J'ai lâché au bout d'un quart d'heure. L'exposition des personnages étaient tellement lourde, ça m'a découragé. De plus, c'est mal joué, mal écrit et peu finement réalisé. La France semble incapable de produire de la bonne série - et celle-ci, pour ce que j'ai pu en lire, ferait figure de haut du panier. 

Ce qui est intéressant avec "Homeland" c'est qu'elle aborde de façon assez subtile des problèmes complexes de politique intérieure américaine et internationale, abordant frontalement des questions géo-politiques. Il est étonnant de voir avec quel brio - et aussi beaucoup de cynisme - l'Amérique est capable de créer de la fiction à partir de son propre Réel. C'est une vaste entreprise de recyclage avec pour seul credo d'envahir le monde. La culture américaine est une arme d'endormissement massive. On se régale devant "Homeland", mais on n'ira pas jusqu'à en tirer les conclusions qui s'imposent: les Etats-Unis ont une politique de domination à l'égard du monde à laquelle il serait temps de mettre un terme. Dans la saison deux, les producteurs de la série semblent vouloir traiter des liens entre Israël et les Etats-Unis. C'est à cause de ces liens indécents que la solution au problème palestinien n'a jamais pu voir le jour. D'origine juive, je me suis toujours considéré comme pro-palestinien. Je trouve scandaleux la façon qu'ont les hommes politiques de caresser dans le sens du poil les organisations représentatives juives qui sont toutes pro-sionistes. Israël fonctionne encore comme si ce pays était un ghetto. J'entends par là replié sur lui-même, entouré d'ennemis. Alors qu'il faut quand même rappeler que depuis des décennies Israël bafoue le droit international, agresse ses voisins, maintient dans des ghettos la population palestinienne tout en colonisant des territoires qui ne lui appartiennent pas, que c'est également le seul pays de la région à disposer de l'arme atomique, et qu'il entend empêcher l'Iran de la posséder - comme il a réussi, en poussant les Etats-Unis à renverser Saddam Hussein et à envahir son pays, à empêcher l'Irak de la fabriquer. De quel droit? De quel droit ce minuscule pays peut-il imposer la terreur et semer le chaos dans cette région du monde - et par extension menacer la paix mondiale? Le Mossad n'est certainement pas étranger aux attentats du 11 septembre. Les terroristes jihadistes ont pu être manipulés. Car il n'y a qu'Israël qui aura tiré profit de ces attentats avec l'invasion de l'Irak, de l'Afghanistan, les menaces sur l'Iran, la chute du régime lybien, et la guerre civile qui fait rage actuellement en Syrie et dont les protagonistes rebelles sont armés par l'Amérique via l'Arabie saoudite - et probablement entrainés par la CIA. Le lobby pro-sioniste est extrêmement puissant aux Etats-Unis - et également en Europe occidentale. Il trouve ses relais dans les arcanes du pouvoir. Dans la Finance également. Un Juif est avant tout juif, selon les dires de Ben Gourion. Un Juif américain est juif avant d'être américain. Alors qu'un Américain catholique d'origine irlandaise sera avant tout un Américain. L'Europe (et la France par la force des choses) s'aligne sur la position américaine, et c'est inadmissible. Qu'un si petit pays puisse causer autant de dégâts dépasse l'entendement. Sans avoir à rendre des comptes ni même un seul instant à reconnaitre sa responsabilité. Rappelons qu'Israël fut à une époque le seul état au monde à conserver des relations normales avec le régime d'apartheid sud-africain. C'est symptomatique. Israël mène une politique raciste et colonisatrice avec le soutien des Etats-Unis. Un jour sans doute ouvrirons-nous les yeux. Ce sera difficile après tant d'années de bourrage de crâne : la Shoah empêche d'avoir un discours critique vis-à-vis de la politique israëlienne et de la façon dont l'Etat Hebreu appréhende la question palestinienne en réduisant les populations qu'elle opprime à des "terroristes", alors que c'est Tsahal aujourd'hui qui terrorise, humilie et tue les Palestiniens. Israël se considère comme cerné de toutes parts, alors que ce sont eux les agresseurs. Leur politique s'adosse à la posture de victime et justifie du même coup leurs exactions comme autant de mesures préventives ou de représailles. Toute critique à leur encontre est taxée d'antisémitisme, de même que l'Holocauste  justifierait toutes les exactions commises par l'Etat Hebreu. Cessons cela! L'Europe n'a pas à se laisser gouverner par l'axe USA/Israël. Mais l'Europe ne signifie plus rien aujourd'hui. L'Europe n'est rien et devra disparaître.

Je me disais hier qu'il suffirait d'assassiner une centaine de personnes-clefs dans le monde pour créer un électrochoc massif et changer les choses. Il suffirait pour cela d'une centaine de gars bien préparés, déterminés et d'un plan approprié. Cela pourrait aussi se faire en une fois, lors de la prochaine réunion du groupe Bilderberg. Les forces opaques qui dirigent le monde en coulisses dressent les populations les unes contre les autres, à l'échelle des continents, comme à l'intérieur même des pays. L'erreur serait de penser, ce que l'on nous oblige à faire, que les fractures sont d'ordre religieuse ou culturel. Le communautarisme aide à faire oublier les véritables enjeux du conflit - ainsi que le visage des oppresseurs. Or il ne s'agit ni plus ni moins que d'une guerre de domination des riches (le petit pourcentage qui profite du système) contre les pauvres (en gros le reste du pmonde, qui tend à englober de plus en plus les classes moyennes), avec le soutien passif des bourgeois, des tièdes, des salariés qui, afin de préserver leur bien-être de plus en plus précaire, et leur famille, refusent de remettre en cause l'ordre établi. Ce sont les soutiens aveugles et dociles du pouvoir. Pouvoir, qui, ne nous leurrons pas, manipule déjà nos démocraties à travers les médias et des élections dont les résultats n'ont pour but que de maintenir le système en place.

Je conclurai ce texte en citant une phrase (une des rares) extraite du chef d'oeuvre de Bela Tarr, "le cheval de Turin": "ils souillent, ils s'accaparent, ils détruisent." J'ignore à qui précisément l'homme qui prononce ces paroles faisait allusion, mais cette sentence, tout comme le film dans son ensemble par sa magnificence, me hante en permanence.

 

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18 octobre 2012

Un point de départ

"Je n'avais même pas le choix, je ne devais même pas faire un choix. Avec le caractère que j'avais, je n'avais rien à choisir. Je me retrouvais automatiquement du côté de ceux qui protestent, qui s'insurgent, du côté des partisans, des rouges, des homosexuels, des Arabes et des communistes, des Noirs et des Portoricains." 

Il m'avait fallu un point de départ, et cette phrase écrite par l'écrivain russe Edouard Limonov en était un. Cette phrase a résonné en moi de façon particulière. Non pas que je m'identifiasse à Limonov, c'était impossible: Limonov vivait à New-York, et c'était les années soixante-dix. Il aurait pu aller voir jouer Television au CBGB's. Je ne crois pas qu'il l'ait fait. Limonov était complètement paumé à l'époque. Il clamait que l'Amérique n'était pas mieux que l'URSS - et il avait raison, du moins du point de vue du poète qu'il était. Réfractaire au dirigisme étatique, il l'était autant vis-à-vis de la société de consommation. Qui plus est le rêve américain vanté par Sakharov lui avait volé sa femme. Les manoeuvres du FBI pour contrôler les contestataires lui rappelaient celles du KGB. Limonov fréquentait les réunions du Parti des Travailleurs. Un poète exilé russe à New-York qui rejoint les rangs des communistes américains. Plutôt marrant. Sauf que Limonov n'était pas communiste, c'était (à l'époque du moins, quand il avait trente ans) un gauchiste de la pire espèce, et il a fallu que je tombe sur le premier roman de ce poète qui pourrait être mon père - j'avais 10 ans en 76 - pour trouver (enfin) quelqu'un qui pense comme moi. Car je suis certainement un gauchiste de la pire espèce, de ceux qui prônent une seule chose: le chaos.

Limonov était pour la suppression du travail - du travail aliénant, bien sûr -, et avec lui de l'argent. Quand vous balancez ça dans une conversation (SUPPRIMONS L'ARGENT! SUPPRIMONS LE TRAVAIL!), on vous regarde bizarrement. C'était le cas quand j'avais vingt ans, c'est le cas aujourd'hui encore. Sur ce plan-là, je n'ai pas tellement évolué. Pourtant ça me semblerait une avancée considérable de la civilisation que de cesser de réduire en esclavage quasiment l'ensemble de la population mondiale. Parlez de la suppression du travail - et de l'argent - à un bourgeois, et vous ne recevrez en retour que du mépris; à un type soit-disant de gauche et il vous rira au nez. Mais les types soit-disant de gauche, sont-ils ceux-là qui ont voté Hollande aux dernières élections? Je ne sais pas. Il n'y a plus tellement de types de gauche, je crois. Personnellement je n'ose même pas prétendre être de gauche, quand je vois qui sont les porte-étendards de la gauche. Et je pensais la même chose quand j'avais vingt ans et que mes aînés votaient socialiste. On voit où ça nous a mené. Un jour tout le monde doit rendre des comptes. Limonov raconte que la première chose qu'on a dit aux ouvriers russes après la Révolution d'octobre, c'est de retourner à l'usine. Les pauvres, ils sont restés sur le cul. Ce sont eux qui ont fait la Révolution, et tout ce qu'ils ont gagné c'est de retourner bosser. C'est les mecs d'en haut qui ont changé. Les mecs d'en bas, c'est toujours les mêmes.

Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous bassiner avec la politique. J'ai démarré sur Limonov, parce que j'adore son livre, que j'aime les Russes, que j'admire les poètes. Vous avez vu cette vidéo où Poutine oblige un patron qui s'apprêtait à licencier ses ouvriers ou à fermer son usine à revenir sur sa décision? Il le force à signer un document officiel. Rien qu'avec le regard qu'il lui lance il le fait chier dans son froc. C'est pas en France qu'on verrait ça. Les Russes ont des couilles. Ils ne se laissent pas emmerder. Ni par les Américains ni par les punkettes. Ils sont entrés en résistance. Ils ne lâcheront pas la Syrie. Ils ont viré un certains nombres d'ONG financées par les Etats-Unis dont on sait très bien qu'il s'agit d'infiltration, que la CIA se cache derrière, finançant de soit-disant mouvements démocratiques ou humanitaires. Les méthodes sont plus subtiles que celles employées en Amérique du Sud ces dernières décennies, mais elles visent le même objectif. Installer des succursales de Goldman Sachs un peu partout. En tout cas c'est pas Hollande ou n'importe quel autre tocard français qui irait mettre sa branlée à un grand patron. Evidemment, eux, ils dinent ensemble. Partagent les mêmes hobbies. Baisent les mêmes putains. Merde, je suis reparti sur la politique.

Si je me lance dans cette entreprise, c'est que j'ai toujours écrit. Adolescent, j'ai tenu des journaux intimes, écrit des nouvelles. Puis ça a été des romans, des scénarios de films. C'est devenu en quelque sorte mon métier - si on peut appeler ça un métier, vu qu'à mon stade je suis ce qu'on appelle un loser. J'ai une capacité inouïe à échouer. Et une capacité encore plus incroyable à digérer mes échecs et à remettre le couvert. Dit autrement, je ne sais pas faire grand-chose d'autre. C'est dans mes veines. L'écriture. J'avais toujours renâclé à me lancer dans un blog, et là, après avoir lu cette phrase de Limonov, je me suis mis à blogger tout seul dans ma tête. C'était parti. Limonov est une VOIX - comme Henry Miller, Céline ou Selby. Et cette VOIX m'a parlé à moi directement. Elle m'a dit: "Tu es comme moi. Tu es mon frère. Ne te laisse pas aller. Continue. Tu te fiches pas mal de si t'es lu ou pas - comme moi à l'époque. Mais tu as ça dans le sang. Et tu as cette sensibilité particulière. Écris. Et bois un coup - à défaut de baiser." Bon, il a vu clair dans ma vie, l'enfoiré. C'est vrai que je ne baise pas trop ces derniers temps. Ma femme a un problème au vagin. C'est une fausse excuse, parce que le vagin c'est pas tout chez une femme. En fait je n'ai plus tellement de désir sexuel. Ça fait déjà un bout de temps. Ça reviendra, je ne m'inquiète pas. L'alcool aussi ça reviendra. Ma femme a mis le holà récemment, mais je sais qu'à un moment donné le whisky reviendra à la maison. Ce n'est pas que je sois alcoolique, mais le bon whisky, j'adore.

Donc je me suis mis à blogger tout seul, et après tout, pourquoi est-ce que je ne le ferais pas réellement? Je me fiche pas mal que ma vie n'intéresse personne. Je prends ça comme un exercice. Et peut-être que des gens y verront autre chose. J'ai toujours écrit. Quand j'étais gosse, mon coeur balançait selon l'humeur entre le désir de devenir écrivain et celui de devenir réalisateur. Du coup j'ai alterné les deux activités, qui somme toute sont complémentaires - a fortiori en France où la politique des auteurs fait qu'un réalisateur de film est souvent l'auteur du scénario, au contraire des Etats-Unis où à Hollywood le réalisateur reçoit généralement un scénario déjà ficelé, même s'il lui arrive de le remanier. J'ai écrit cinq ou six romans dont un seul a été publié, et tardivement, en 2006. Ça ne m'a rien apporté. Je n'ai même pas réussi à faire publier le roman suivant. Petit éditeur qui a disparu ensuite, 400 ventes à tout casser. Ça traitait du même thème que le dernier roman de Chuck Palahniuk qui fait partie de mes écrivains favoris. Son livre s'appelle Snuff et vous devriez le lire - comme tous les livres de Palahniuk. Je vous avoue que je lis énormément. À côté de ça, à mes tout débuts, j'ai réalisé des court-métrages avec un copain, j'ai travaillé comme assistant sur des plateaux, j'ai écrit des tas de scénarios qui ne se sont jamais faits, j'ai réalisé des téléfilms érotiques pour M6, un long-métrage en 2000 d'après une pièce de théâtre - un film de commande qui ne m'a ouvert strictement aucune porte parce qu'il n'a pas fait beaucoup d'entrées en salle -, jusqu'à l'année 2004 où ma carrière (on ne peut pas vraiment appeler ça une carrière tant ça paraît erratique, incontrôlé, irresponsable) a subi un virage à 180° puisque je me suis mis à faire du porno. Si ça vous intéresse je vous renvoie à mon site internet où vous pourrez lire sous forme de chroniques le début de mon expérience dans le monde merveilleux du film pour adultes. Quand je dis que je fais du porno, c'est bien sûr en tant que réalisateur. Je ne suis pas hardeur, vous l'aurez deviné. Je ne suis pas suffisamment bien membré pour ça, et je ne pense pas que ma femme l'aurait accepté. Déjà que ça ne lui plait plus du tout aujourd'hui, que je fasse ce métier - si on peut appeler ça un métier... Réalisateur de films de boules ça doit être la profession la plus méprisée - et méprisable - au monde... Déjà, en général, on se demande bien à quoi ça peut servir d'avoir un réalisateur sur un tournage de film porno... Peut-être à tendre des lingettes aux actrices. Mais bon. Moi ça m'allait très bien. Je trouvais ça rock n'roll. J'étais là par choix. J'avais dit FUCK au monde du cinéma, le vrai, pour faire enfin des films - vu que le système ne m'autorisait pas à en faire. Au début je me suis éclaté. C'était nouveau, c'était fun et surtout: J'ÉTAIS RESPECTÉ. Du coup, ma femme trouvait ça chouette. Ça avait son charme. Mes talents, ou disons plutôt mes compétences, étaient reconnues, et sollicitées. Je gagnais ma vie correctement, ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Ça a correspondu au moment où on a quitté la banlieue parisienne pour venir vivre à la campagne - une des meilleures décisions que j'ai prises dans ma vie. Oui, je l'avoue, pour un type qui n'aime pas le fric, j'étais quand même content d'en gagner. J'écrivais mes histoires, les actrices étaient ravies d'interpréter les rôles que j'écrivais pour elles, un film se tournait en six jours, l'ambiance des tournages était cool, aucun technicien pour vous casser les pieds vu qu'il n'y en avait pas, j'étais le chef, je faisais ce qui me plaisait et Canal + en redemandait... La belle vie, quoi. J'aimais les gens avec lesquels je travaillais. Les actrices, les acteurs, à quelques exceptions près -- mais vous trouverez tout ça dans mes chroniques. J'aimais travailler vite. Entre l'écriture du scénario, le tournage, le montage et la sortie du film, six mois s'écoulaient. C'était carrément jouissif. Dans le cinéma normal, six mois c'est à peine le temps qu'il faut pour écrire le premier jet du scénario, avec le producteur qui vous fait remanier le texte, le casting qui n'avance pas, les partenaires financiers qui tortillent du cul, les chaines de télé qui ne lisent pas, les gens qui ne rappellent pas... Le système dans son ensemble vous fait bien comprendre que vous n'êtes qu'une merde. Que vous n'avez pas le droit d'exister - comme le dit si bien le titre du film de mon copain HPG. Alors le porno ça me plaisait. Ça a continué à me plaire. Ça me plait un peu moins aujourd'hui - pour plein de raisons que je ne trouve pas utile de détailler ici. Aujourd'hui, je suis à la croisée de certains chemins. Tout peut s'effondrer, parce que je n'ai pas de boulot, pas de perspective, pas d'argent, comme d'un seul coup quelque chose peut sourire. Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que je vais tâcher d'écrire sur tout ça, sur le passé, sur le présent, sur le futur... Et sur ce qui me tient en fait le plus à coeur - au-delà du cinéma, du porno et de la littérature -: LA RÉVOLUTION.

Ce sera le coeur de ce blog.

Parce que c'est ce en quoi je crois le plus profondément, et depuis toujours, comme on croit à l'aube du jour prochain, comme on croit à la naissance de son enfant, comme on croit au sourire de l'ange penché sur nous, aux astres et à la lumière, à la nuit et au désir.

La Révolution coule dans mes veines comme l'esprit du poète. Elle est dans mon sang. Elle arrivera.

Parce que c'est cette foi-là qui nous rendra plus forts.

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